Lorsqu’un enfant ou un adolescent signale avoir été maltraité, la première réponse est cruciale pour garantir le bien-être émotionnel et physique de la victime. La psychologue Stephany Barcellos, spécialisée en thérapie cognitivo-comportementale et en neuropsychologie, offre de précieux conseils sur la manière d’agir dans cette situation délicate.
La première étape, selon Barcellos, consiste à créer un environnement confortable, sûr et calme pour la conversation. Il est essentiel d’écouter attentivement, sans interruption, et de rester calme, ce qui apporte de la sécurité à l’enfant ou à l’adolescent. Même si cela est difficile, il est essentiel d’éviter les réactions de choc.
Barcellos souligne l’importance de prendre au sérieux tout ce qui est dit, sans montrer de doutes sur le rapportde la victime. Utiliser un langage simple et accessible est essentiel pour que la victime puisse comprendre et se sentir à l’aise pour s’exprimer. Il convient d’éviter toute pression visant à obtenir des informations détaillées, en laissant à la victime l’espace de s’exprimer librement.
Il est essentiel de se rappeler que la victime n’est pas responsable de ce qui s’est passé. Vous ne devez pas leur demander directement les détails des violences subies ni leur faire répéter l’histoire plusieurs fois. La priorité est d’assurer la sécurité et la protection de la victime.
S’il existe une crainte que l’agresseur puisse causer un préjudice supplémentaire à la victime, après en avoir pris connaissance, il est essentiel d’en informer clairement les autorités compétentes. Le signalement des abus est une étape fondamentale dans le processus de protection de la victime. Stephany Barcellos souligne qu’un soutien adéquat et une approche prudente peuvent faire toute la différence pour la victime d’abus.
Selon CNN Brésil, une statistique inquiétante révèle qu’environ 68 % des cas de violence sexuelle contre des enfants impliquent des membres de la famille et des personnes qu’ils connaissent comme agresseurs. Lucas Rocha, dans un rapport publié en mai de cette année, a présenté des données tout aussi alarmantes. Entre 2015 et 2021, le Brésil a enregistré plus de 200 000 cas d’abus sexuels impliquant des enfants et des adolescents. Ces tristes chiffres comprennent plus de 83 000 cas signalés d’abus sexuels contre des enfants et plus de 119 000 incidents de violence visant des adolescents, pour un total stupéfiant de 202 948 cas. L’année 2021 a marqué un pic de notifications, avec 35 196 cas, signalant l’urgence de s’attaquer à ce grave problème. Découvrez l’entretien avec la psychologue Stephany Barcellos !
Quelle est l’importance de créer un environnementconfortable et sécuritaire pour un enfant ou un adolescent qui signale avoir été maltraité ? Comment cela influence-t-il la façon dont ils partagent leur expérience ?
L’importance est énorme, car cet espace procure un véritable sentiment de protection et de respect, dans lequel ils se sentent entendus. Lorsqu’ils disposent de la liberté et de la sécurité nécessaires pour parler de ce qu’ils craignent ou de ce qui s’est passé, ils s’ouvrent à d’autres opportunités et peuvent partager leurs expériences. Quand il y a confiance, il y a aussi dialogue. L’influence se produit parce que, dans un environnement sûr, la victime se sent encouragée à parler ouvertement, sans crainte de jugement ou de représailles. Ils réalisent que quelqu’un est là pour les soutenir et croient que leur histoire sera prise au sérieux, sans blâme ni peur.
Comment un adulte doit-il réagir lorsqu’un enfant ou un adolescent signale un abus ? Quelles sont les lignes directrices pour rester calme et confiant pendant cette conversation ?
Lorsqu’un enfant ou un adolescent signale un abus, un adulte doit réagir avec calme et empathie. Ces deux mots peuvent paraître impossibles à ce moment-là, mais ils sont extrêmement importants pour la victime ! Dans un premier temps, il est crucial d’écouter attentivement, sans interruption, et de faire preuve d’une réelle préoccupation. Il est également important d’éviter de poser des questions invasives ou accusatrices, car la victime mérite tout le respect et l’amour possible !
Comme mentionné précédemment, ces deux mots ensemble peuvent sembler impossibles à ce moment-là, mais ils sont extrêmement nécessaires. Ce qui compte et ce qui va aider, c’est de respirer profondément et de se concentrer sur la victime, car à ce moment-là, elle est la chose la plus importante. Faites preuve de compassion et d’empathie, utilisez un langage réconfortant et évitez les réactions émotionnelles extrêmes, comme le choc ou la colère, qui pourraient effrayer la victime.
Voici des exemples de mots et d’expressions qui véhiculent de la compassion et de l’empathie lorsque l’on parle à une victime :
- « Je suis là pour toi. »
- « Je suis désolé que ce soit arrivé. »
- « Je crois en toi et en ce que tu partages. »
- « Ce n’est pas du tout ta faute. »
- « Tu es courageux de partager ça avec moi. »
- « J’écoute attentivement, chaque fois que tu es prêt à parler. »
- « Travaillons ensemble pour trouver du soutien et des solutions. »
- « Votre bien-être est important pour moi. »
- « Je suis là pour vous soutenir quelle que soit la décision que vous prenez. »
Ces mots et expressions montrent à la victime que vous êtes là pour elle, que vous l’écoutez et lui offrez un soutien inconditionnel.
Faire face à un signalement d’abus peut être un défi émotionnel. Comment les adultes peuvent-ils éviter les réactions de choc tout en offrant leur soutien à la victime ?
Il est important de rechercher un soutien émotionnel pour vous-même, si nécessaire, avant de proposer de l’aide à la victime.
- Préparez-vous émotionnellement : Avant la conversation, prenez un moment pour vous calmer et vous préparer émotionnellement. Reconnaissez que la conversation peut être difficile et soyez conscient de vos propres émotions.
- Restez calme : Pendant la conversation, respirez profondément pour rester calme. Essayez de contrôler vos expressions faciales et votre langage corporel afin de ne pas montrer de surprise excessive.
- Écoutez attentivement : concentrez-vous sur la victime et sur l’histoire qu’elle raconte. Évitez d’interrompre ou d’exprimer un jugement. Montrez que vous êtes pleinement présent.
- Utilisez un langage réconfortant : utilisez des mots et des expressions qui transmettent de la compassion et de l’empathie. Dire des choses comme « Je suis là pour toi » peut aider la victime à se sentir plus en sécurité.
- Évitez les expressions émotionnelles intenses : essayez de contrôler vos propres émotions. Évitez de montrer de la colère, de l’incrédulité ou du choc, car cela peut effrayer la victime et rendre la conversation difficile.
- Offrez un soutien non verbal : utilisez un contact visuel doux, hochez la tête pour montrer que vous écoutez et utilisez des gestes rassurants, comme tendre la main pour tenir la main de la victime, le cas échéant et si elle est à l’aise avec cela.
- Soyez prêt à demander l’aide d’un professionnel : n’oubliez pas que vous n’êtes pas seul dans cette situation. Si vous avez l’impression que vos propres émotions rendent difficile l’offre d’un soutien adéquat, envisagez de faire appel à un professionnel qualifié, tel qu’un thérapeute ou un conseiller, pour vous aider dans le processus.
Traiter les signalements d’abus nécessite de la sensibilité et de la prudence, et ces stratégies peuvent contribuer à créer un environnement favorable pour la victime.
Vous avez évoqué l’importance de ne pas montrer de doute sur le signalement de la victime. Comment montrer qu’on croit en l’enfant ou l’adolescent, même si l’histoire est dérangeante ?
Démontrer que vous croyez en l’enfant ou l’adolescent, même si l’histoire est dérangeante, est extrêmement important, ce que vous pouvez faire est :
- Écoutez sans jugement : Montrez que vous écoutez attentivement et sans porter de jugements hâtifs. Évitez les expressions faciales qui expriment l’incrédulité ou le choc.
- Validez ses sentiments : Reconnaissez les sentiments de la victime, même si l’histoire est bouleversante. Dites quelque chose comme « Je comprends que cela doit être très difficile pour vous » pour faire preuve d’empathie.
- Un soutien sans poser de questions : évitez de poser des questions détaillées ou des questions qui peuvent sembler critiques. Au lieu de cela, offrez-leur un soutien émotionnel et des encouragements pour qu’ils continuent à partager.
- Proposez des mots de soutien : utilisez des mots qui expriment un soutien inconditionnel, tels que « Je suis là pour vous », « Je crois en vous » et « Je vous soutiendrai tout au long de ce processus ».
- Respectez leur histoire : n’oubliez pas que chaque expérience d’abus est unique et que la façon dont la victime le signale peut varier. Respectez leur temps et la façon dont ils choisissent de partager.
- Évitez d’exprimer des doutes : même s’il y a des parties de l’histoire que vous avez du mal à croire, évitez d’exprimer des doutes pendant la conversation. La victime peut alors se sentir discréditée et réticente à continuer.
- Encouragez la recherche d’aide : après avoir entendu l’histoire, encouragez la victime à rechercher de l’aide professionnelle, telle que des thérapeutes, des conseillers ou des organisations de soutien aux abus. Expliquez clairement que vous êtes prêt à les soutenir dans ce processus.
Quelle est l’approche la plus appropriée pour obtenir des informations auprès d’une victime d’abus sans la forcer à partager des détails traumatisants ?
Il est important de faire preuve d’empathie, de compréhension et de respect du rythme de la victime. Soyez patient et reconnaissez que la victime peut avoir besoin de temps pour se sentir à l’aise de partager. Évitez de lui faire pression ou de la précipiter. Posez plutôt des questions ouvertes qui ne suggèrent pas de réponses spécifiques et ne forcent pas la victime à entrer dans des détails traumatisants.
Expliquez clairement que la victime contrôle la conversation et peut partager tout ce avec quoi elle se sent à l’aise. Montrez que vous écoutez attentivement, établissez un contact visuel, hochez la tête pour montrer votre compréhension et utilisez un langage corporel empathique. N’interrompez pas la victime pendant qu’elle parle et permettez-lui de terminer ses réflexions avant de répondre. Offrez un soutien émotionnel pendant la conversation, en utilisant des mots d’encouragement et en montrant que vous êtes là pour la soutenir.
Respectez les limites de la victime. Si elle refuse de partager quelque chose, ne la pressez pas pour obtenir plus d’informations. Évitez de faire des promesses que vous ne pouvez pas tenir et expliquez l’importance de demander l’aide d’un professionnel pour faire face à la situation. Encouragez toujours la victime à demander l’aide de professionnels. L’objectif principal est de créer un environnement de soutien et de confiance, permettant à la victime de partager à sa manière et à son rythme. Cela contribue à préserver votre dignité et votre bien-être.
Comment s’assurer que l’enfant ou l’adolescent comprend ce qui se passe pendant la conversation ? Dans quelle mesure est-il important d’utiliser un langage simple et accessible ?
Il est essentiel d’utiliser un langage simple et adapté à leur âge. Éviter d’utiliser des termes techniques ou complexes, expliquer clairement la raison de la conversation, vérifier fréquemment s’ils suivent et être disposé à clarifier les doutes sont des stratégies importantes. De plus, rester calme et créer un environnement sûr et accueillant contribue également à une meilleure compréhension.
L’importance est d’assurer une communication efficace et compréhensible, en particulier lorsqu’il s’agit d’enfants ou d’adolescents. Cela rend les informations plus faciles à comprendre, réduisant ainsi le risque de confusion ou de malentendus. De plus, un langage accessible crée un environnement plus accueillant et permet aux gens de se sentir plus à l’aise pour partager leurs sentiments et leurs préoccupations. Dans des situations sensibles, comme faire face à des abus, la clarté de la communication est essentielle pour garantir que la victime puisse exprimer ses pensées et ses besoins de manière appropriée.
En ce qui concerne le signalement d’un abus, quelles mesures devraient être prises pour protéger la victime de toute menace future de la part de l’agresseur ?
Les mesures visant à protéger la victime de toute menace future de la part de l’attaquant peuvent inclure :
- Signalement aux autorités compétentes : Il est essentiel de signaler les abus à la police ou aux autorités responsables afin que des poursuites judiciaires puissent être engagées. Cela peut inclure l’émission d’ordonnances d’interdiction contre l’agresseur.
- Abri sûr : Dans les situations à haut risque, il peut être nécessaire d’abriter temporairement la victime dans un endroit sûr, loin de l’agresseur, afin d’assurer sa sécurité physique.
- Soutien psychologique : Offrir un soutien psychologique à la victime est essentiel pour l’aider à faire face au traumatisme. Cela peut inclure une thérapie et des conseils professionnels.
- Plan de sécurité personnalisé : En collaboration avec la victime, il est important de créer un plan de sécurité personnalisé qui comprend des mesures spécifiques pour protéger la victime des menaces futures.
- Éducation sur les droits légaux : il est essentiel d’informer la victime de ses droits légaux. Cela peut impliquer de clarifier quelles poursuites judiciaires peuvent être engagées contre l’auteur et comment la victime peut se protéger légalement.
- Réseau de soutien : il est essentiel d’établir un réseau de soutien, qui peut inclure des amis, des membres de la famille et des organisations qui soutiennent les victimes de maltraitance, pour que la victime se sente soutenue.
- Assistance juridique : solliciter une assistance juridique pour faire face aux abus, y compris l’obtention de mesures de protection légale, est une action essentielle.
Chaque situation de maltraitance est unique et les mesures de protection doivent être adaptées aux circonstances spécifiques pour garantir la sécurité de la victime.
Quelles ressources ou organisations peuvent être recherchées pour fournir un soutien adéquat à la victime après la révélation de l’abus ?
Au Brésil, après avoir pris connaissance d’un cas d’abus, la victime et son entourage peuvent demander le soutien de plusieurs organisations et ressources, notamment :
- Composez le 100 :Il s’agit d’un service de réponse téléphonique gratuit et anonyme qui vous permet de signaler des violations des droits humains, y compris des cas d’abus. Il s’agit d’une option importante pour signaler un abus et obtenir des conseils.
- Centres de référence des services aux femmes (CRAM) :Ce sont des lieux qui offrent un soutien aux femmes victimes de violences, notamment de violences domestiques et sexuelles. Ils fournissent une assistance juridique, psychologique et sociale.
- Centres de référence spécialisés en assistance sociale (CREAS) :Ces centres apportent un soutien aux victimes de violences, notamment les enfants, les adolescents, les femmes et les personnes âgées. Ils offrent un soutien et des conseils psychosociaux.
- Commissariats de police spécialisés :Les commissariats de police des femmes (DDM) et les commissariats de protection de l’enfance et de l’adolescence (DPCA) sont des lieux où les victimes peuvent déposer des plaintes pour abus et obtenir de l’aide.
- Défense publique :Le Bureau du Défenseur public peut fournir une assistance juridique gratuite aux victimes qui ont besoin d’une assistance juridique en cas d’abus.
- Organisations non gouvernementales (ONG) :Il existe plusieurs ONG au Brésil qui se consacrent au soutien des victimes d’abus. Quelques exemples incluent l’Institut Patrícia Galvão, Childhood Brasil et l’ONG Themis.
- Centres d’Accueil Psychosociaux (CAPS) :Pour le soutien psychologique et en santé mentale, CAPS peut proposer un traitement et un accompagnement aux victimes d’abus.
- Groupes de soutien:La participation à des groupes de soutien locaux ou virtuels peut être bénéfique, car elle permet aux victimes de partager leurs expériences et d’obtenir un soutien émotionnel de la part d’autres personnes ayant vécu des situations similaires.
- Hôpitaux et centres de santé :En cas de maltraitance avec blessures physiques, il est important de consulter un médecin pour le traitement et la documentation médicale.
- Conseils de tutelle :Pour les cas impliquant des enfants et des adolescents, les conseils de tutelle peuvent être contactés pour aider à protéger les droits de ces victimes.
Il est essentiel de se rappeler que chaque situation de maltraitance est unique et que le choix des ressources et des organisations vers lesquelles s’adresser peut dépendre du type de maltraitance, de l’âge de la victime et de l’emplacement géographique. Il est essentiel de rechercher une aide et des conseils professionnels pour assurer un soutien adéquat à la victime.
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*Cet article a été préparé par Moreira Comunicação au Brésil. Par conséquent, certains organismes répertoriés peuvent ne pas être disponibles dans votre pays. Si vous avez été témoin, soupçonnez ou avez connaissance d’un cas d’abus sexuel, contactez les autorités locales et signalez-le.