La poétesse du Minas Gerais Neusa Azevedo lance Ave Mãe et Segredos Nossos, deux livres publiés ensemble qui explorent les marques laissées par les affections, les découvertes et les pertes tout au long de la vie. Alors que Ave Mãe rend hommage à la figure maternelle et réfléchit sur le deuil, Segredos Nossos apporte des vers plus intimes sur l’amour, l’incertitude et la recherche de la joie. L’ouvrage représente la quatrième publication de l’auteur, ayant déjà participé à des anthologies et publié trois autres recueils de poésie.
La poésie a le pouvoir de transformer les sentiments et de donner de nouvelles couleurs aux expériences de la vie. Dans votre cas, comment l’écriture a-t-elle aidé au processus de deuil et à la construction de l’Ave Mãe ?
La construction de l’Ave Mãe a été un chemin de camaraderie dans ma vie et celle de ma mère. Au fur et à mesure que je me rapprochais de mon expérience avec ma mère, je l’aimais encore plus parce que je purifiais cet amour. En échange, je l’ai libérée pour qu’elle suive le chemin de la mort, qui n’est pas exactement connu, afin qu’elle puisse partir. J’ai déboutonné mon chemisier, le lieu de mon cœur, de mes attachements égoïstes, et j’ai boutonné les souvenirs que j’ai découverts en lui et en moi. C’était mon processus, bien sûr, mais je l’ai prise comme compagne. Et le nœud du deuil s’est dénoué et la vie est devenue possible même si ma mère ne faisait plus partie de ma routine.
Les vers de l’Ave Mãe évoquent des moments simples mais profondément significatifs avec la figure maternelle. Croyez-vous que la mémoire affective peut être un moyen de maintenir vivante la présence de ceux qui sont décédés ?
C’est une manière de conserver la mémoire, de se souvenir, de se remémorer, de parler mentalement. Mais la mémoire efficace ne maintient pas la personne en vie, car la cruelle réalité est qu’elle est morte et cela ne permet pas de lui caresser les cheveux, ni d’émettre le bruit des pas dans la maison que seules ses empreintes de pas font. En écrivant Ave Mãe , je l’imaginais souvent vivante, mais je n’oubliais pas qu’elle n’était plus là. Le corps qui porte l’âme est aussi une présence abondante, discernante, belle et aimante.

Lorsque nous nous tournons vers Ave Mãe, nous trouvons Segredos nossos , qui a un ton plus intime et réfléchi. Comment s’est déroulé le processus de connexion de ces deux œuvres, si différentes et, en même temps, complémentaires ?
J’ai pensé que deux œuvres qui véhiculent beaucoup de sentiments pourraient être unies par les caractéristiques suivantes : caractère lyrique, synthèse, métaphores. Dans tous les poèmes de « Ave Mãe », il y a le thème de la perte de la mère, de sa mémoire, en bref, le préjugé est la mère. « Segredos Nossos », en plus de la familiarité poétique, travaille sur la recherche de soi, de la passion, de l’amour, de la solitude et de l’amitié. Il y a un carnet de notes qui vont plus en profondeur et se déplacent donc universellement à travers ses pages. Ce que nous voyons ici est un dessin de soi et de l’autre, de manière unique dans chacune des œuvres.
Ses poèmes explorent à la fois la perte et l’amour, l’incertitude et les rêves. Croyez-vous que la poésie est un miroir des émotions humaines ou une tentative de leur trouver un sens ?
Je crois fermement que la poésie est à la fois un miroir des émotions humaines et une tentative de leur trouver un sens. Un chemin n’exclut pas l’autre. Les poèmes sont en grande partie un portrait humain. Freud disait déjà que l’inconscient, avant lui, avait été découvert par les poètes et les philosophes. Nous avons donc un héritage poétique magistral, brodant ainsi sur nos pages Fernando Pessoa qui veut livrer sa grandeur à la lune dans le reflet des eaux. Il est impossible de parler des émotions humaines sans, avant tout, essayer de trouver des mots dans leurs significations, qui sont nombreuses, et pourtant, pas suffisantes.

Vous avez déjà publié d’autres recueils de poésie et participé à des anthologies. À quel moment avez-vous réalisé que l’écriture n’était pas seulement une passion, mais une nécessité dans votre vie ?
Depuis que je suis adolescente, j’ai un grand désir d’écrire. Mais quand j’ai étudié la théorie littéraire à l’UFSC, ce désir est devenu beaucoup plus fort. Je me promenais dans les rues de Floripa en récitant mentalement des poèmes. C’était comme si je ne faisais pas ça, je ne pourrais pas vivre. J’ai respiré des métaphores.
Vous habitez dans la ville de Tiros, dans le Minas Gerais, et avez une histoire liée à la culture et au patrimoine. Comment votre expérience à Minas influence-t-elle votre écriture et votre vision du monde ?
Un mineur est une personne qui échange un mot contre un autre, comme s’il était très courant de créer le contraire d’un mot lors de sa prononciation. J’ai travaillé avec le patrimoine culturel pendant 12 ans, de manière non séquentielle, et cela a accentué en moi la valeur des racines, des histoires et des anecdotes. La culture m’enflamme dans la musique, dans la littérature, dans les événements de bar. La culture est la simplicité qui se cache derrière les faits qui nous touchent vraiment, qui nous fait franchir l’escalier qui mène du passé au présent sans nier l’avenir incertain.
Ses livres abordent des thèmes universels tels que la famille, l’amour et le désir. Quel a été l’accueil du public ? Les commentaires des lecteurs vous ont-ils particulièrement marqué ?
J’ai des retours très heureux. Plusieurs personnes commentent que j’ai écrit sur eux, que je les ai représentés. Un jour, un type a entendu quelqu’un m’appeler dans un bar et il a dit : « Désolé, vous êtes Neusa Azevedo. Je n’arrive pas à croire que je te vois, que je te rencontre. J’ai lu vos poèmes à l’accueil de mon cabinet médical, comment pouvez-vous écrire comme ça ? L’autre jour, un jeune homme qui venait de lire mon livre est venu sur le kiosque à musique de la place de la ville de Tiros, montrant le livre et parlant de son importance, selon lui. D’autres personnes pleurent en lisant certains poèmes. Je suis très heureux quand quelqu’un lit mes poèmes et se trouve en accord avec le thème.
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