L’artiste indépendant LGBTQIA+ Keruv Araiot entame une nouvelle étape de sa carrière avec la sortie des singles « Nuvens Espaciais » et « YOLO », tous deux publiés par Marã Música et soutenus par la bourse Aldir Blanc. Ces titres, qui font partie du prochain EP « Tudo que não pode ser », révèlent différentes facettes d’un même voyage émotionnel – de la légèreté de l’amour à la force de l’incertitude – et confirment la place de Keruv parmi les voix les plus authentiques et expérimentales de la scène indépendante brésilienne.
« Nuvens Espaciais » est né d’un sentiment d’émerveillement, et « YOLO » d’un abandon à la vie. Ces deux morceaux semblent représenter des pôles opposés : l’amour et le courage. Comment percevez-vous leur dialogue dans votre propre parcours personnel ?
L’amour et le courage, bien que différents, sont interconnectés. Pour aimer, il faut du courage, et pour être soi-même, il en faut deux fois plus.
Je pense que cette énergie d’amour pur, présente dans Space Clouds, correspond tout à fait à ce que je ressens en ce moment. Je recherche cet amour pur, naturel et innocent, celui d’être avec ceux qu’on aime, de faire ce qu’on aime et de prendre la vie plus légèrement, comme les nuages. (rires)
YOLO parle beaucoup de rêver et, en même temps, de garder les pieds sur terre, de croire que l’on peut y arriver. Cela apporte ce courage d’aimer intensément. Je crois que c’est ce que j’ai retenu : aimer et avoir le courage d’aimer avec mon amour.
Ces deux chansons naissent d’expériences hautement sensorielles et émotionnelles. Quand vous composez, qu’est-ce qui vient en premier : le son, les mots ou l’émotion ?
Ma façon de composer est très aléatoire : les idées me viennent et tout dépend de ce qui vient en premier.

L’art japonais du kintsugi célèbre les cicatrices comme partie intégrante de la beauté, et « YOLO » semble véhiculer cette même idée de reconstruction. Quelles ont été vos propres « fissures d’or » dans ce processus créatif ?
J’ai beaucoup réfléchi à la redéfinition de l’amour, en montrant qu’il est présent en tout et peut se manifester de multiples façons.
Votre musique oscille entre styles expérimentaux, indie et émotionnels, et porte une forte identité LGBTQIA+. Comment cette diversité influence-t-elle votre façon de créer et de vous exprimer artistiquement ?
Je veux simplement créer, explorer mes émotions. J’essaie de filtrer et de transformer en art tout ce qui m’influence.

Vous avez dit que « Space Clouds » était né d’un enchantement. Qu’est-ce qui vous enchante le plus aujourd’hui : dans la vie, chez les gens ou dans l’art ?
Dans la vie, parce que les gens en font partie – et tout cela est de l’art. Il y a un peu d’art dans la vie et chez les gens.
La collaboration avec le producteur Caio Rennó semble avoir été essentielle au développement de cette nouvelle esthétique. Comment se sont déroulés ce partenariat et ces échanges créatifs entre vous ?
J’ai découvert le travail de Caio et j’ai ressenti une connexion avec son style musical. Il est l’un des rares producteurs de la région à ouvrir la voie à des sonorités plus électroniques et underground. Nous avons une excellente complicité créative ; cette complicité mutuelle fait que tout se fait naturellement.

Dans « YOLO », il y a une mélancolie mêlée de force. Comment transformez-vous des sentiments intenses en quelque chose que les autres peuvent entendre et accepter ?
C’est la confirmation que l’amour n’a pas de frontières. C’est le sentiment d’avoir réussi, d’une manière ou d’une autre, à communiquer avec quelqu’un qui comprenait et s’identifiait à ce que je voulais dire.
Votre nouvel EP s’intitule « Everything That Can’t Be ». Que représente ce titre pour vous ? Et qu’est-ce qui, selon vous, « ne peut pas être » mais qui doit être exprimé par l’art ?
(rires) Je m’attendais à cette question ! En réfléchissant aux chansons de l’EP, j’imaginais comment chaque morceau pouvait former un tout. Elles parlent toutes d’amour, et « Tudo Que Não Pode Ser » a un double sens : ça peut être quelque chose « qu’il ne faut pas faire », mais aussi quelque chose « qu’il faut faire ».
C’est un jeu des sens – sur tout ce qui « ne peut pas encore être », mais qui doit être exprimé par l’art. Il s’agit d’exprimer qui l’on est, sans jugement.
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