Avec des paroles percutantes, une sonorité brésilienne et une inspiration folklorique, le groupe du Minas Gerais Assombro de Bixo sort « Xote Sem Futuro », le troisième single de son album, rendu possible grâce au Programme Culturel Murilo Mendes (PCMM). Ce nouveau morceau, empreint d’ironie et de critique sociale, dépeint l’affrontement entre deux hommes sur un marché de rue – symbole de coexistence nationale – pour dénoncer le machisme quotidien présent dans différentes régions du Brésil. Le groupe, composé de sept membres, continue de mélanger des éléments de repente, de musicalité afro-brésilienne et de poésie populaire dans une approche unique qui met en lumière la scène culturelle de Juiz de Fora.
La chanson « Xote sem futuro » dresse un portrait ironique et douloureux d’une masculinité qui s’affirme à travers le conflit et le manque d’écoute. Comment avez-vous décidé de transposer ce combat quotidien en poésie et en chanson ? Et pourquoi avoir choisi la foire comme cadre symbolique pour cette critique ?
Si je me souviens bien, la chanson commençait par ces mots : « C’est au marché du dimanche que le garçon de la campagne sans but est sorti pour tonner/La folie s’est insinuée dans son esprit, il était parti pour un autre défi, qui va le défier ? » L’intention était de développer une histoire qui en décrive davantage l’affrontement entre deux personnages masculins. De là, la chanson a naturellement pris un ton critique et de réflexion sociale. Le choix du marché s’explique par le fait qu’il s’agit de l’un des lieux les plus populaires du Brésil, et le projet comme la chanson cherchent à transmettre des expériences de toutes les régions du pays.
Votre musique allie avec force critique sociale, rythmes populaires et poésie parlée. Comment créez-vous un morceau qui évoque le passé culturel du Brésil tout en abordant les défis urgents du présent ?
Si nous jouons de la viola pagode, du maracatu, de l’ijexá et de la congada, c’est parce que nous sommes dans la condition d’apprentis et d’agents d’entretien, c’est-à-dire que cette connaissance nous est parvenue, par l’intermédiaire d’un maître, d’une maîtresse ou même d’un artiste et à partir de nos expériences nous réfléchissons et créons avec elle.
La cosmogonie Munduruku, qui inspire le nom du groupe, évoque les origines, le territoire et l’identité collective. Comment cette vision ancestrale influence-t-elle votre son et votre message en tant qu’artistes contemporains ?
Quoi qu’il en soit, sans ceux qui nous ont précédés, qui ont créé et perpétué notre musique et nos idées, notre musique et nos idées n’existeraient pas.

« Assombro de bixo » (Hantise des bêtes) suggère déjà, dès le titre, quelque chose de troublant, de provocateur. Qu’est-ce qui, selon vous, dérange – ou éveille – le plus le public lorsqu’il écoute votre musique ?
D’après les histoires que nous avons entendues, nous avons suscité la curiosité des gens en raison du nombre d’éléments musicaux qui se produisent simultanément, mais ne s’emmêlent pas, et aussi en raison de la variété des rythmes exécutés, parfois, dans la même chanson.
Le choix de rythmes comme le xote, le repente et les sonorités afro-brésiliennes témoigne d’un lien fort avec la musique traditionnelle. Considérez-vous cette fusion comme une résistance esthétique ? Comment contribue-t-elle à raconter les histoires que vous souhaitez raconter ?
Non, car premièrement, nous n’avons pas l’intention de nous placer dans une position de résistance. Je crois que cette place appartient à ceux qui vivent et représentent véritablement la culture populaire, c’est-à-dire les guitaristes traditionnels, leurs maîtres. Nous jouons simplement, au meilleur sens du terme, avec ces éléments et cherchons à les promouvoir. Deuxièmement, ces éléments sont présents dans la musique populaire brésilienne depuis un certain temps, et il n’y aurait donc aucune résistance à faire ce que tout le monde fait déjà. Malgré toute cette réflexion, ces rythmes nous aident à illustrer ce que nous avons toujours recherché comme identité : parler et réfléchir aux profondeurs du Brésil.
Sur la scène indépendante, surtout en dehors des grandes villes, valoriser les artistes locaux est un geste politique et émotionnel. Pourquoi est-il important pour vous de maintenir ce lien avec l’art produit à Juiz de Fora et dans sa région ?
Parce que nous sommes fiers de nos origines et de leur richesse culturelle. Juiz de Fora est une ville culturellement dynamique, regorgeant d’artistes exceptionnels qui nous ont inspirés et continuent de nous inspirer. Il est évident que nous souhaitons nous épanouir, explorer de nouveaux horizons et diffuser notre musique, mais rien n’est plus important que de respecter nos racines.

La construction collective est une caractéristique forte du groupe, tant dans la composition que dans l’interprétation. Comment équilibrez-vous les différentes voix, idées et expériences pour obtenir un son représentatif de l’ensemble du groupe ?
Il n’y a pas de formule toute faite ; en gros, tout se passe de manière très naturelle. Parfois, quelqu’un apporte une chanson et nous réfléchissons à l’arrangement ensemble, ou parfois quelqu’un arrive avec des idées plus préétablies et les transmet au reste du groupe. Quoi qu’il en soit, il y a toujours le défi de voir chacun prendre les choses en main à un moment donné ; personne n’assume seul le rôle de leader. Cela peut parfois prendre un peu plus de temps, mais le jeu en vaut la chandelle.
Vous avez déjà participé à des festivals et projets importants, comme le Festival de Piacatuba et Palco Central. Comment ces expériences ont-elles façonné l’avenir du groupe ? Et quel avenir espérez-vous atteindre désormais ?
Bien sûr, ce sont toutes de formidables expériences, surtout pour certains membres du groupe qui n’avaient pas beaucoup d’expérience sur scène, mais je crois que ces festivals ont surtout été une reconnaissance de notre travail ; ils nous ont donné un coup de pouce et nous ont confirmé que nous étions sur la bonne voie. Désormais, avec notre premier album studio tout juste sorti, nous avons l’intention de sortir jouer, de reprendre notre souffle créatif pour continuer à composer de nouvelles chansons et à produire davantage de matériel pour ce travail incroyable.
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